Cousins, vous en êtes sûrs ?
Nous avons vu la semaine dernière que certaines espèces peuvent se ressembler étrangement tout en étant d’origines très différentes.
A l’inverse, même si des espèces possèdent des ancêtres communs relativement récents par rapport à d’autres groupes, leur aspect général, leur squelette, leur mode de reproduction ou encore leur alimentation peuvent considérablement varier au point qu’il devient difficile de repérer une ressemblance au premier coup d’œil.
Par exemple, si les oiseaux et les crocodiles ont emprunté des chemins différents de l’évolution, il y a environ 240 millions d’années, ils restent plus proches entre eux que notre ami le croco ne l’est des lézards ! Pourtant, le crocodile ressemble beaucoup plus à un lézard qu’il ne ressemble à un oiseau, alors qu’il en est plus éloigné.
Image d’un arbre phylogénétique
Voici un arbre “phylogénétique” qui représente la parenté entre certains groupes. Plus le “noeud”, c’est-à-dire la liaison entre les différentes branches se trouve vers le haut de l’image, plus l’ancêtre commun est récent. Ici, sans forcément prendre en compte les crânes de droite, pour plus de simplicité, on remarque que le crocodile et la mésange (un oiseau) sont situés sur une même branche et sont donc plus étroitement liés entre eux qu’ils ne le sont du lézard, qui a évolué différemment il y a environ 244 à 248 millions d’années.
Une caractéristique commune entre les crocodiliens (crocodiles, caïmans, gavials etc.) et les oiseaux est le gésier, une partie musculeuse de l’estomac les aidant à broyer les aliments. Ils forment ensemble le groupe des Archosauriens.
Les caractéristiques communes ne sautent donc pas toujours aux yeux !
Même à une plus petite échelle, au sein d’une même classe et avec des ressemblances physiques plus évidentes que pour le cas précédent, on peut parfois retrouver une grande variation de morphologies. Si l’on reprend l’exemple des mammifères, on peut voir que s’ils conservent la plupart des caractéristiques de leur groupe, ils ne se ressemblent parfois pas tant que cela : après l’extinction de la majorité des dinosaures, les mammifères ont été favorisés et se sont largement développés, jusqu’à conquérir tous les milieux avec un physique adapté parfois jusqu’à un degré extrême.
Par exemple, chez les rongeurs, on trouve le Polatouche de Sibérie, un écureuil volant aux grands yeux adaptés pour la vision de nuit et à l’épaisse fourrure blanche. Il ne vole pas vraiment mais plane d’arbre en arbre grâce à une extension de peau (le patagium).
Anecdote : il devient rose fluorescent sous UV !
Image de Toshikazu Hashimoto
A l’opposé, on a le rat-taupe nu, ou Hétérocéphale, aussi un rongeur, presque sans poils, aux grandes incisives, et pratiquement aveugle. Il vit sous terre donc la vue ne lui est pas très utile, mais il a par contre développé tous ses autres sens pour se repérer, comme l’odorat, le toucher et l’ouïe. Il a, de plus, des pattes griffues, idéales pour creuser des galeries.
Image du Smithsonian’s National Zoo
Mais, si des espèces éloignées d’un point de vue évolutif peuvent se ressembler et, qu’à l’inverse, des espèces partageant un ancêtre commun relativement récent peuvent avoir des physiques très différents, comment être sûr de leur lien de parenté et comment savoir si une éventuelle ressemblance leur vient d’un ancêtre commun ou d’une convergence évolutive ? c’est ce que nous verrons dans le prochain article.
Références et crédits photos :
– Arbre phylogénétique simplifié oiseaux et reptiles – Banque de Schémas – SVT – Académie de Dijon (ac-dijon.fr)
– Le rat-taupe nu : Drôles d’animaux ! Le rat-taupe nu, ce rongeur qui ne vieillit pas (theconversation.com)
Auteur de l’article : Audrey Hamon, Master IMST, Laboratoire COMETE U1075, Université de Caen Normandie/Inserm
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