Et si on observait la Nature ?

Il y a quelques jours, nous entrions dans cette belle saison qu’est l’été. Les saisons, tu sais de quoi il s’agit, nous en avions parlé dans un précédent article (à relire ci-dessous). Elles sont surtout marquées dans les régions tempérées : plus tu te rapproches de l’équateur, moins on note de différences entre l’hiver et l’été.

Les saisons

Lorsqu’elles sont marquées, les saisons se caractérisent par des conditions météorologiques particulières : ensoleillement, température… qui vont jouer sur le vivant. Les espèces végétales ne sont pas distribuées au hasard : leur implantation dans un espace environnemental (on parle de niche écologique) dépend des caractéristiques du milieu comme la température et l’humidité qui jouent un rôle majeur.
Il en est de même pour le règne animal : chaque espèce est bien adaptée à son milieu de vie sinon, elle migre ou disparaît tout simplement.
Lorsqu’on passe d’une saison à une autre, la faune et la flore modifient leur activité en fonction du temps qu’il fait notamment les changements de température et de lumière.

Mais alors que se passe-t-il avec le changement climatique ? Qu’en est-il des saisons ?

En raison du réchauffement de la Terre, on a de plus en plus fréquemment des saisons où les températures ne correspondent plus aux moyennes habituelles. Quelques exemples de ce qui est parfois observé :
– en été, les températures grimpent plus rapidement et on assiste à une augmentation à la fois des températures minimales et maximales.
– les saisons semblent avancées par rapport au calendrier, notamment pour le printemps ou l’été ; en effet, les températures plus élevées apparaissent plus tôt,
– les périodes hivernales sont raccourcies et les hivers sont plus doux,
– les automnes sont plus longs avec une plus faible chute des températures.
Des températures plus élevées au printemps et des retards de chute de températures en automne ne sont pas sans effet sur les plantes elles-mêmes mais aussi sur les chaînes alimentaires et le fonctionnement des écosystèmes. Mais ce n’est pas fini, parce que l’hiver ça compte aussi… Des hivers trop doux sont préjudiciables aux fruitiers par exemple !
En ce qui concerne les animaux, certaines espèces peuvent être victimes d’un décalage de calendrier.

Quelques exemples

Le décalage du calendrier se produit lorsque les besoins de certaines espèces ne correspondent plus aux moments où les ressources de qualité sont disponibles.
Au printemps, au moment de la reprise de la végétation, les jeunes feuilles qui apparaissent sont consommées par les herbivores comme les chenilles. Avec la modification des températures par rapport aux saisons, l’arrivée des herbivores risque d’être décalée et la végétation est en avance par rapport au calendrier : les jeunes pousses qui étaient digestes ont déjà fait place à des feuilles matures riches en tannins, indigestes pour les herbivores.

La mésange charbonnière peut également se trouver en difficulté : en général, ses oisillons trouvent facilement leur pitance car leur naissance coïncide avec le pic d’émergence des chenilles.
Depuis que le réchauffement climatique est observable, les chenilles apparaissent plus tôt mais les petits oisillons se trouvent fort dépourvus car les chenilles sont déjà transformées en papillons.

De même, les dates de migration sont de plus en plus souvent décalées (dans un sens ou l’autre) ce qui risque aussi de poser un problème majeur dans le bon ajustement des besoins pour les petits et les ressources disponibles. En voici un exemple.
Le Guillemot de Troïl se nourrit de petits poissons qui eux-mêmes consomment des petits crustacés. En 2004, en raison du réchauffement des eaux, les courants marins n’ont pas permis la rencontre entre les deux maillons de la chaîne. Beaucoup de petits du Guillemot sont morts de faim.
Que faire ?
Si tu te mets à observer les différents phénomènes relatifs aux plantes, aux arbres (mais cela fonctionne aussi pour les animaux) qui marquent les saisons, tu fais de la phénologie ! La phénologie est la science qui étude l’apparition des différents stades de développement des végétaux ou des phénomènes périodiques chez les animaux (la mue de certains mammifères, leur migration, l’éclosion des œufs …)

Les observations de terrain sont primordiales, mais les scientifiques ne peuvent pas tout scruter partout, tout le temps. Ils ont donc besoin de nous, promeneurs, amateurs de la Nature : ce sont les sciences participatives. Si cela t’intéresse, tu peux te rendre sur l’Observatoire des saisons pour des explications et des ressources. Puis tu pourras noter les dates de différents évènements par exemple l’apparition des bourgeons, le développement des feuilles, la floraison de différentes espèces végétales.. ou t’intéresser aux oiseaux, insectes, amphibiens !

La collecte de données est primordiale afin de modéliser les phénomènes à partir d’observations et ainsi pouvoir prévoir sur le plus long terme, les effets du réchauffement sur les espèces et chercher à les protéger. Comment vont-elles réagir, résister, s’adapter, se déplacer ? L’adaptation sera-t-elle suffisamment rapide par rapport à la rapidité du réchauffement global jusqu’ici rencontré ?

Texte : Pascale Baugé – Le Monde et Nous
Liens :
https://www.open-sciences-participatives.org/fiche-observatoire/123

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