Les chiens ont de la suite dans les idées !

As-tu déjà imaginé ce que peut bien ressentir un chien ? Quelle est son expérience de la vie, comment perçoit-il le monde ? C’est une idée qui occupe les chercheuses et chercheurs depuis maintenant plusieurs siècles. Et s’il y a une question qui leur traverse souvent l’esprit, c’est de savoir à quel point leur expérience de la vie ressemble à la nôtre !

1- Les expériences de conditionnement de Pavlov
Prenons un exemple : tu as très certainement déjà vu des chiens saliver. Et si nous aussi nous pouvons saliver, ce phénomène est bien plus important chez le chien. Dès qu’il voit de la nourriture, il ne peut s’empêcher de saliver, juste à l’idée de pouvoir la manger ! Mais savais-tu qu’il était possible de le faire saliver pour autre chose que de la nourriture ?

Étudier ceci est l’idée folle qui a saisi Ivan Pavlov, un médecin russe du 20ème siècle. Mais avant de se plonger plus en détail dans ses travaux, qui était t-il ? Pavlov à commencé par fréquenter une école religieuse qu’il quittera, contre l’avis de son père, après avoir lu des livres écrits par des scientifiques promouvant une conception plus moderne du monde. A l’université, il s’intéressa à la physiologie animale. Plus particulièrement, il étudia le système nerveux végétatif (partie du système nerveux qui prend en charge les fonctions automatiques, comme les battements du cœur). En étudiant ce système, il parvint à mettre au point une technique permettant de quantifier et d’analyser les glandes salivaires chez le chien, celles qui fabriquent la salive ! Une étude de l’un de ses confrères le poussa ensuite à s’intéresser au lien existant entre la quantité salive produite et la nature de l’objet mis en présence du chien. Il voulait prouver que les chiens étaient capables d’associer des éléments différents entre eux.

L’idée était très simple : lorsqu’on présente de la nourriture, comme un gigot par exemple, à un chien, cela déclenche tout naturellement une salivation dans la bouche de ce chien. Pavlov a appelé ceci la réponse inconditionnelle, parce qu’elle est toujours présente peu importe le contexte. Effectivement, un chien salive toujours en voyant de la nourriture. 

Mais que se passe-t-il si, à chaque fois que l’on montre le gigot au chien, on fait tinter une sonnette ? Et que l’on réalise cela plusieurs jours durant ?
Pavlov se rend compte que, petit à petit, le chien commence à saliver dès qu’il entend la sonnette sans même avoir vu le gigot ! C’est ce qu’on appelle la réponse conditionnée, car elle n’existait pas avant que le chien associe le gigot avec la sonnette. Il a aussi montré que cette réponse peut  disparaître après un certain temps !
A partir de cette observation, Pavlov a poursuivi ses travaux afin de mieux comprendre comment se mettent en place ces réponses et leurs liens avec le fonctionnement du cerveau.

2- Est-ce que les humains peuvent aussi être conditionnés ?

Mais  oui ! Toi aussi, tu fais des associations sans y penser. De très nombreux exemples existent et ils se produisent sans que tu n’en aies conscience ! Lorsque tu entends la sonnette qui annonce la fin du cours, et l’heure de la récréation, tu ressens peut-être un soulagement ! Tu vas enfin pouvoir prendre une pause. Un exemple, nous rapprochant encore plus du chien, c’est la salivation ! Nous aussi, quand nous entendons des sons qui nous font penser que nous allons manger, comme le bruit des couverts déposés sur la table, nous salivons plus. On retrouve ces réponses conditionnées chez tous les êtres humains. Nous avons tous été conditionnés par la société dans laquelle nous vivons, et ce, de manière différente. C’est en partie pourquoi, nous réagissons tous de manière différente à des situations identiques ! 

Pavlov, à la suite de ses travaux, fera le lien entre les théories d’Hippocrate de la personnalité et ses découvertes. En effet, Hippocrate, médecin de la Grèce antique, a théorisé l’existence de 4 grands types de caractères, chacun renvoyant à un élément du corps humain.
On retrouve ainsi :
– Le caractère sanguin : personne optimiste et sociable réagissant de manière rapide et superficielle aux évènements.
– Le caractère bilieux (en lien avec la bile jaune) :  personne déterminée, avec une certaine force d’esprit qui peut avoir tendance à s’agacer ou à se mettre en colère.
– Le caractère mélancolique (en lien avec la bile noire) : personne qui aime analyser et faire les choses proprement. Plutôt renfermée sur elle-même, elle a souvent une tendance à la tristesse.
– Le caractère flegmatique (correspondant à la lymphe) : personne calme et tranquille qui n’est pas bouleversée par les évènements qui peuvent survenir. 

Pavlov s’inspire de ces travaux, et décrit lui aussi 4 tempéraments en leur donnant une causalité génétique. On retrouve : excité, inhibé, stable à tendance impulsive et stable à tendance calme. A la suite d’une inondation de son laboratoire en 1924, certains de ses chiens ont vu leur comportement devenir plus chaotique ou inhibé. Chez ces chiens, les réponses conditionnées étaient aussi perturbées. C’est sur cette base qu’il a décrit des pathologies psychiques, appelées névroses. Il a aussi remarqué que tous les chiens n’ont pas développé de troubles ! Seuls ceux ayant un comportement inhibé ou excité avant l’inondation en ont développé.

3- L’impact des travaux de Pavlov aujourd’hui

Bien que Pavlov ait ouvert la voie aux expériences comportementales sur les animaux, beaucoup de questions restent encore ouvertes aujourd’hui. Concernant les animaux et leur manière de penser, les scientifiques utilisent encore des protocoles basés sur la théorie de Pavlov pour essayer de comprendre leur ressenti. D’autres scientifiques ont pu découvrir, par exemple, que lorsque des animaux cherchent la proximité d’une paroi, comme un mur, cela correspond à une réponse au stress ! 

Comme tu peux le voir, les travaux de Pavlov ont mené à un ensemble très important et diversifié de connaissances ! 

Pavlov a permis de grandes avancées en éthologie (l’étude du comportement des animaux), dans la compréhension des comportements des animaux. En psychologie, ses travaux ont permis de développer une théorie appelée le behaviorisme (behavior signifiant comportement en anglais). En neurosciences, son travail a amélioré notre compréhension du cerveau et de l’esprit humain. Il a également rendu possible l’utilisation de nouvelles méthodes pour étudier le système nerveux. De manière plus générale, il aura permis de mieux considérer les animaux, grâce à ses travaux promouvant l’idée que les animaux, eux aussi, sont capables de comportements intelligents !

Source :
https://shs.cairn.info/article/GPNV_191_0081?lang=fr&ID_ARTICLE=GPNV_191_0081

Auteur :
Rachid Roche, de l’Université de Caen

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