[Mes animaux préférés] L’ornithorynque
Aujourd’hui, je vais te parler d’un animal qui me fascine au point que je pourrais en parler pendant des heures : l’ornithorynque (comme le titre te le laisse deviner). Cet animal est tellement étrange que les scientifiques britanniques crurent à un canular quand ils apprirent son existence. En effet, lors de sa découverte en Australie par des explorateurs européens en 1798, des dessins et des descriptions furent envoyés en Angleterre. Même l’envoi d’un ornithorynque empaillé ne suffit pas à convaincre certains naturalistes.
Pourquoi ont-il cru à un canular ?
C’est tout simplement parce que cet animal est impressionnant visuellement.
C’est un mammifère de prime abord comme ses poils le laissent suggérer ainsi que sa capacité à allaiter ses petits. Il a un bec qui ressemble à celui d’un canard et une queue de castor. Mais la chose la plus surprenante pour l’époque c’est que la femelle pond des œufs. Je te propose de voir point par point toutes les merveilles et particularités de l’ornithorynque, ce “couteau-suisse” du monde animal.
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C’est un animal amphibie (ou semi-aquatique)
L’ornithorynque adulte mesure en moyenne 40 à 50 cm et pèse dans les deux kilos, ces dimensions sont proches du furet pour te faire une idée de sa taille. Le mâle est ⅓ plus gros que la femelle. Il habite dans un terrier creusé près d’une rivière et on ne le retrouve qu’à l’ouest de l’Australie. Quand une espèce ne se retrouve que dans une région particulière, on dit qu’elle est endémique de cette région. Comme on ne retrouve l’ornithorynque que dans une petite région du globe, l’espèce est considéré comme quasi menacé, ce qui veut dire que l’ornithorynque n’est pas encore menacé mais qu’il risque de l’être dans un proche avenir.
Ses principaux prédateurs naturels sont les dingos (des chiens sauvages australiens), les serpents, les rapaces et les varans (de gros lézards). Il souffre aussi de l’activité humaine (voitures, pêches et pollution) et des animaux importés par l’homme (chien, chat et renard principalement).
Sa fourrure est proche de celle de la loutre (amphibie aussi), les poils sont courts mais très épais et denses pour l’isoler de l’eau et le protéger. Il a des pattes palmées pour pouvoir se déplacer dans l’eau, il utilise les pattes avant pour avancer et les pattes arrière et sa queue pour se diriger.
Je te laisse admirer dans la vidéo ci-dessous avec quelle aisance il se déplace dans l’eau (platypus c’est le nom anglais de l’ornithorynque).
Tu constateras à la 34ème seconde qu’il ouvre les yeux seulement quand il sort la tête de l’eau. Ce que tu ne vois pas, c’est qu’il bouche aussi ses oreilles quand il est sous l’eau.
Alors comment fait-il pour se repérer sous l’eau et repérer ses proies (des larves d’insectes, des vers et des crevettes d’eau douce) ?
Il utilise l’électroperception (ou électrolocalisation) comme les requins et d’autres poissons. Grâce à des récepteurs dans son bec et à son sens du toucher, l’ornithorynque peut repérer l’électricité produite par les mouvements musculaires de ses proies.
2. C’est un mammifère qui pond des œufs
Pour rappel, l’ornithorynque est bien un mammifère car il allaite ses petits. D’ailleurs, « mammifère » en latin signifie “Qui porte des mamelles”.
Sauf que l’ornithorynque n’a en réalité pas de tétine mais il a bien des glandes mammaires (les glandes qui produisent le lait). Le lait sort des pores de la peau (comme ta sueur quand tu transpires) et les petits vont alors téter les poils imbibés de la maman. Or ce mode d’allaitement n’est pas très hygiénique. Pour pallier cela, des scientifiques australiens ont récemment découvert que le lait des ornithorynques contenait une protéine extrêmement efficace contre les bactéries. Des chercheurs pensent à utiliser cette protéine pour faire de nouveaux antibiotiques plus performants.
L’ornithorynque pond des œufs comme les oiseaux et certains reptiles (ovipare). Il fait partie de l’ordre des monotrèmes qui regroupent tous les mammifères qui pondent des œufs.
On retrouve dans cette ordre, la famille des ornithorynques dont l’ornithorynque est la seule espèce représentante et la famille des échidnés (sorte de hérisson avec un nez en forme de trompe vivant en Océanie) qui comptent 4 espèces.
Les ornithorynques ont un cloaque comme les oiseaux, les reptiles et les amphibiens, c’est à dire qu’ils ont un seul orifice pour à la fois se reproduire, uriner et faire caca (en grec monotrème signifie un seul trou). La femelle pond de un à trois œufs et les couve pendant 10 jours. La coquille des œufs est parcheminée comme les œufs des reptiles et non pas dure comme celle des oiseaux !
Les plus vieux fossiles de l’ornithorynque remontent à environ 100 000 ans (contre 315 0000 ans pour l’homme). Ses propriétés étonnantes, qu’il partage soit avec les oiseaux, les reptiles ou les mammifères, ont longtemps fait débat parmi les naturalistes qui ont tentés de le classifier.
3. Il est venimeux
Ne te fie pas à son air tout mignon de peluche car il est loin d’être sans défense. L’ornithorynque est un des rares mammifères venimeux. Il possède un aiguillon de chaque côté de ses pattes arrières (au niveau des genoux sur un humain). Ces aiguillons sont chacun creux et reliés à une glande à venin. Mais à quoi peut bien leur servir d’avoir du venin ?
Dans le monde animal, le venin a trois utilités principales :
- se protéger ou se défendre : c’est le cas des dendrobates (petites grenouilles très colorées) qui sécrètent un poison sur leur peau, ce qui dissuade les prédateurs.
- chasser : le venin sert à neutraliser la proie soit en la tuant, soit en la paralysant; c’est le cas de nombreux venins d’araignées et de serpents.
- servir à pré-digérer les aliments : le venin à un effet nécrosant (qui décompose la chair et les os) qui liquéfie la proie, cela permet à de nombreuses araignées de “boire” leur victime.
Pour l’ornithorynque, on a vu précédemment qu’il mangeait des animaux très petits (vers et larves), donc on peut exclure l’hypothèse de la chasse et celui de la digestion.
Il reste la protection, on peut d’abord constater à sa démarche chaloupée au sol que la présence d’aiguillon sur les pattes arrières n’est pas la meilleure position de défense. Il s’avère que quelques personnes se sont fait piquer en manipulant un ornithorynque sauvage qui s’est alors défendu. Les témoignages décrivent une douleur atroce durant quelques jours qu’aucun médicament n’arrive à soulager. De plus, le membre touché ne retrouve toutes ses capacités que quelques mois après.
En analysant un peu plus, des chercheurs ont découvert qu’uniquement les mâles sont venimeux et seulement pendant la période de reproduction. Au départ ils ont supposé que c’était pour immobiliser la femelle pendant la reproduction mais ils se sont vite rendus compte que l’ornithorynque n’était pas immunisé à son venin et que cela pouvait être fatal pour la femelle. En terme de reproduction, si la maman ornithorynque décède avant d’avoir pu pondre ses œufs, ça n’est pas très optimal.
Le venin sert en réalité au mâle à éliminer la concurrence. Cette découverte a été faite avec des ornithorynques en captivité quand les soigneurs se sont rendus compte que pendant la période de reproduction les mâles s’entretuaient.
Actuellement, des recherches sont en cours pour mieux comprendre le venin de l’ornithorynque car il est très complexe. Certains composants pourraient venir en aide aux diabétiques et une meilleure compréhension de son mode d’action chez l’homme pourrait permettre d’améliorer nos connaissances sur les mécanismes humains de la douleur.
4. Il réserve pleins d’autres surprises
Je pense que tu commences à comprendre maintenant pourquoi j’aime cet animal. C’est un animal étrange qui réserve bien des surprises et je pense qu’on n’a pas fini d’être étonnés par ce petit mammifère.
Enfin pour ma part je trouve ça trop mignon comme animal. Si tu n’es pas encore persuadé, regarde cette vidéo (je te rassure c’est une femelle, aucun risque de piqûre).
Auteur :
Gabriel Guillocheau, doctorant en bio-informatique
(compte Twitter @Rasend777)
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