Quand ça craque ! (partie I)
En cette semaine spéciale Halloween, nous allons parler des craquements ! Dans de nombreux films, les bruitages utilisés pour suggérer l’horreur et susciter l’angoisse ne laissent pas de côté les craquements. Il y a bien sûr le craquement du bois dans une maison la nuit mais également les craquements d’os qui évoquent la présence d’un squelette s’agitant dans un coin sombre.
Nous allons détailler un peu ces deux types de craquements. Aujourd’hui, nous parlerons de ces drôles de bruits que tu peux émettre toi même avec tes doigts (voire même l’ensemble des articulations).
Quand les articulations craquent !
Et bien, cela va peut-être te surprendre mais ce ne sont pas tes os qui craquent mais des bulles de gaz qui éclatent au niveau de tes articulations. Un peu comme la bouteille de soda qui fait du bruit lorsqu’on l’ouvre.
Avant de commencer, une petite description d’une articulation s’impose.
Les articulations ou encore jointures, correspondent au point de connexion des os (c’est-à-dire là où ils se relient les uns aux autres). Quand un mouvement est possible, on parle d’articulation mobile et c’est cela qui nous intéresse dans notre sujet sur les craquements.
Les os s’emboitent assez bien l’un dans l’autre parce que leur forme s’y prête : la cavité d’un os permet de recevoir le renflement ou la rondeur de l’extrémité d’un second os.
Mais pour éviter les frottements et résister aux chocs, des protections sont prévues :
– la surface des os est recouverte de cartilage, un tissu élastique qui permet de faciliter le mouvement et d’amortir les chocs qui y sont liés.
– Autour des os en contact, se trouve un liquide plus ou moins visqueux ; le liquide synovial.
– L’ensemble est enveloppé dans une espèce de petit sac résistant, protégeant l’articulation, c’est la capsule articulaire.
Citons également les ligaments qui permettent de maintenir en place l’ensemble en reliant les os et évitent des déplacements trop amples.
Le liquide synovial a d’autres fonctions : il fournit de l’oxygène et des nutriments au cartilage articulaire et permet d’évacuer des déchets et du dioxyde de carbone.
Bref, il contient des gaz dissous dont de l’oxygène, du dioxyde de carbone mais aussi de l’azote.
L’origine du craquement
Que se passe-t-il lorsque tu places tes doigts dans des positions qui sollicitent fortement l’articulation (dans une certaine limite bien sûr, puisque de toutes façons, les ligaments vont limiter la déformation) ?
Les os s’écartent, la capsule articulaire s’étire et le volume interne augmente. La conséquence directe est que la pression interne diminue…
Les gaz qui étaient alors dissous, comprimés en quelque sorte dans le liquide, sont alors dans une nouvelle situation : ils ont moins de pression autour d’eux et vont donc s’échapper du liquide sous forme de bulles de gaz. Ce phénomène porte le nom de cavitation (on forme des petites cavités que sont les bulles).
Tout comme la bouteille de soda qui était sous pression, lorsque tu l’ouvres : tu entends le bruit caractéristique des bulles qui éclatent.
Que se passe-t-il ensuite ?
Les petites bulles de gaz vont mettre un peu de temps (entre 15 et 20 minutes) à se dissoudre de nouveau dans le liquide synovial. Pendant ce laps de temps, le craquement ne pourra plus se produire, quels que soient la position de tes doigts.
Les effets sur le long terme
On peut se demander si le fait de solliciter de la sorte ses articulations, en émettant des craquements, peut être dangereux en fragilisant le cartilage par exemple. Lorsque celui-ci est abimé, les articulations deviennent douloureuses car deux os frottent l’un contre l’autre: c’est l’arthrose. Mais jusqu’à présent, les études sur le sujet [1] n’ont pas montré que les craquements des articulations provoquaient un risque accru d’arthrose. En effet, l’énergie dégagée par l’éclatement des bulles est très faible, en tous cas insuffisante pour endommager le cartilage.
Par contre, il n’en est pas de même pour les ligaments qui sollicités de façon intense et répétée finissent sur le long terme par perdre leur tonus. Des études semblent montrer que dans ce cas, la capacité de préhension (la facilité à saisir les objets) est un peu diminuée.
A très bientôt, pour la seconde partie de l’article sur les craquements de la maison !
Autres articles sur le sujet :
http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-craquements-de-doigts-19732.php
http://www.larecherche.fr/savoirs/autre/pourquoi-peut-on-faire-craquer-ses-doigts-lise-charron-01-01-2006-86473
Référence de l’étude citée :
1- DeWeber K. et al, « Knuckle Cracking and hand Osteoarthritis », jabfm, Vol 24 N°2, p 169-174, 2011
Texte : Pascale BAUGE – Le Monde et Nous
Illustrations : Stéphanie DUBUT – Stef Comics
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