Des escargots de la taille de grains de sable !
L’autre jour, nous te parlions de la découverte de nouvelles espèces vivantes. Aujourd’hui, nous en évoquons encore deux nouvelles : il s’agit de deux espèces d’escargots ! Et cette découverte est tout à fait récente puisque l’étude est parue en 2022 !
Et leur caractéristique la plus étonnante est leur toute petite taille. C’est même un record qui a été battu !
L’une de ces espèces est Angustopila psammion : psammion signifie « grain de sable » en grec. Les escargots ont été retrouvés au niveau d’un mur de grotte au Vietnam (La Grotte Cap dans la Baie d’Halong). Le diamètre de leur coquille est de l’ordre de 0,6 mm ! Incroyable non ?
La seconde espèce découverte est presque aussi minuscule mais elle présente une caractéristique incroyable. L’autre jour, nous te parlions aussi de l’utilité des crottes !
Tu ne vois pas le rapport ?
Et bien, figure-toi que la seconde espèce découverte (au sein d’une falaise calcaire, le long d’une route au Laos) porte le doux nom de « Angustopila coprologos ». Seules des coquilles vides, mesurant environ 0,8 mm de diamètre, ont été retrouvées. Dommage ! Mais l’étude des coquilles est intéressante. En effet, elles ont des caractéristiques, on ne peut plus surprenantes ! Elles sont couvertes de pointes, au sommet desquelles on retrouve des petites boules constituées de … déjections !
Comment ont-ils compris qu’il s’agissait de déjections ?
Il ne suffit pas, en sciences, de bâtir des hypothèses. Encore faut-il mettre en œuvre les moyens permettant de prouver ce qui est avancé. L’analyse chimique réalisée sur ces dépôts un peu particuliers à permis de trancher quant à leur nature : elle montre un contenu riche en éléments caractéristiques des roches de leur environnement, c’est-à-dire des éléments que ne digèrent pas les escargots. En effet, c’est grâce à leur langue râpeuse que ces espèces de gastéropodes rongent des roches sur lesquelles ils trouvent des végétaux ou microbes. Ils ingurgitent donc les proies avec des petits fragments de roches et seuls les premiers sont digérés.
Mais à quoi cela peut-il bien servir ?
Les chercheurs ont d’abord imaginé que cela pouvait permettre de camouflage. Au sein d’autres espèces vivantes, il n’est pas rare de trouver ce genre de décoration pour mieux se fondre dans le décor et éviter de se faire repérer par les prédateurs.
La 2e hypothèse imaginée par les auteurs de l’étude est que cela permettait d’améliorer la communication entre individus pour faciliter la reconnaissance lors de la recherche de partenaire.
Mais c’est ailleurs qu’il faut certainement retrouver la véritable fonction de ces « décorations ». Il s’agirait en fait d’une stratégie pour se prémunir du dessèchement et éviter les températures extrêmes. C’est en réfléchissant sur les avantages et inconvénients de la petite taille d’un être vivant que les scientifiques penchent plutôt vers cette explication.
La recherche derrière ces découvertes
Nous t’avons déjà parlé à plusieurs reprises de l’évolution et de la sélection naturelle (relire ces articles ici et là). Cette découverte relance une question qui a du mal à trouver réponse au sein de la communauté scientifique : le fait d’être de petite taille d’un point de vue de l’évolution n’est pas facile à comprendre. Cela peut donner des avantages en termes d’accès à des zones difficiles et de partage des ressources (compétition moindre). Chez les escargots, une petite taille permet de se glisser dans les plus fines crevasses mais aussi d’échapper au repérage des prédateurs.
Mais une petite taille présente aussi de sacrées contraintes, notamment une plus grande sensibilité au dessèchement sauf dans les environnements aquatiques ou à forte humidité. L’espèce décrite ici semble avoir trouvé la parade !
Référence
The world’s tiniest land snails from Laos and Vietnam (Gastropoda, Pulmonata, Hypselostomatidae), Contributions to Zoology 91 (2022) 62–78.
Auteur : Pascale Baugé du blog Le Monde et Nous
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