Interview

Il y a quelques mois, Laurent Schafer, dessinateur et auteur, nous parlait de sa première BD « Quantix » dans cette vidéo/interview que nous avions réalisée pour Kidi’science (à relire ICI).
Laurent Schafer, c’est lui !

crédit photo Nicolas Schopfer

A l’occasion de la récente sortie de son deuxième ouvrage « Infinix », nous sommes allés une nouvelle fois à la rencontre de son auteur pour qu’il nous parle un peu de ce nouveau volume.
1/ Avec Quantix, vous avez fait découvrir aux lecteurs la physique quantique et la relativité. De quoi parlez-vous dans Infinix ?

Avec Infinix, je voulais emmener le lecteur aux frontières des mondes. D’ abord vers l’infiniment grand, régi par les lois de la relativité. Si ces lois sont exactes – elles n’ont jamais été démenties – le temps est désynchronisé d’un coin à l’autre de l’Univers.

Je voulais aussi imager l’exubérante taille du cosmos grâce à l’unité de mesure qu’est la vitesse de la lumière : nous n’en sommes pas toujours conscients, mais nous n’observons pas l’Univers tel qu’il est, mais tel qu’il était, il y a 10 000 ans, 10 millions ou 10 milliards d’années en arrière. Plus on voit loin, plus on recule dans le passé. Le ciel est un musée. 

Et dans la seconde partie ?

La seconde partie d’Infinix emmène le lecteur aux frontières de l’infiniment petit où règnent les lois quantiques. Nous vivons dans un monde d’illusions, où les couleurs n’existent pas vraiment, ni même les objets solides. Tout est onde et mouvement quantique. Même le vide n’est pas… vide ! Les découvertes scientifiques récentes nous apprennent même l’inimaginable : nous sommes les enfants du vide quantique, il nous crée à chaque seconde.

2/ Retrouve-t-on l’univers de Quantix et ses personnages dans ce second volume ?

Oui. Cette famille et ses amis sont un fil conducteur. Comme le temps est un thème central dans mes BD, je trouvais intéressant de les faire vieillir un peu. J’aime l’idée de ramener la science extraordinaire à une réalité ordinaire, incarnée par cette famille lambda qui vit diverses péripéties teintées d’humour. Cela permet d’alléger, de dédramatiser le propos scientifique, le lecteur se sent plus concerné et impliqué. En conservant les mêmes personnages, ceux-ci gagnent aussi en profondeur. Des psychologies spécifiques se dégagent, parfois – étrangement-  sans que je les aie anticipés.

3/ Vous dessinez et scénarisez vos BD mais vous n’êtes pas scientifique. Quelle est votre méthode de travail avec les sujets complexes que vous traitez ?

C’est une longue enquête journalistique. Un journaliste n’est spécialiste en rien, mais doit être curieux de tout, en se basant sur le matériel le plus sérieux et fiable possible. La sélection des sources est donc cruciale. Mon travail est ensuite de malaxer et trier pour transmettre de la manière la plus simple, attrayante et compréhensible possible.

Avec des sujets complexes comme la physique quantique, le prix à payer est la perte de précision. Je dois transcrire l’idée générale sans trahir le fait scientifique. Le diable se cache parfois dans les détails, raison pour laquelle il est important que plusieurs scientifiques relisent mon travail. Parfois un autre écueil m’attend sur le chemin : si les scientifiques s’entendent sur les résultats expérimentaux, leurs interprétations peuvent diverger. Un parti-pris entre plusieurs écoles de pensées est alors inévitable.  

4/ Avez-vous rencontré des difficultés particulières pendant l’écriture ou le dessin de ce deuxième volume ?

La thématique des infinis posait un vrai défi. C’est bien beau de vouloir partir au fin fond de l’Univers pour expliquer les lois relativistes, mais représenter des planètes et des étoiles sur des pages et des pages aurait été affreusement rébarbatif, inconcevable.

Encore pire pour la deuxième partie : comment diable représenter le vide quantique ? Il fallait trouver des astuces, sans pour autant transgresser certaines règles personnelles. Je tiens en effet à garder le récit dans l’ancrage du réel : j’évite autant que possible les personnages fantaisistes comme des fées magiciennes, des planètes qui parlent ou des professeurs en soucoupe volante surgis de nulle part. Au final, je pense avoir trouvé les astuces graphiques et narratives satisfaisantes.

5/ Quels sont vos projets pour la suite ?

J’ai commencé la suite indépendante à Quantix et Infinix. Nous retrouverons les mêmes personnages, le même esprit. Après être parti vers les infinis, je recentre le propos sur la Terre et l’humain avec une question centrale : comment sommes-nous arrivés là ? Ce nouvel opus devrait boucler la trilogie.
A bientôt alors !

Crédit Photo  Eric Humair

Propos recueillis par Gilles de Comicscience

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