Le culot du coucou

Le coucou est un oiseau incroyable, il a développé un comportement étonnant que nous allons t’expliquer aujourd’hui.

Quand on parle du coucou, on parle en fait de plusieurs espèces d’oiseaux, dont le plus courant est le coucou gris (Cuculus canorus). On l’appelle coucou parce qu’il a un chant qui ressemble à « COU-COU », tu peux l’écouter ici : 

 

Parmi les 150 espèces de coucous qui existent, il y en a environ 50 qui, au lieu de perdre du temps et de l’énergie à faire un nid, couver des œufs, nourrir et élever des petits, préfèrent pondre leurs œufs dans le nid d’un autre oiseau ! On parle alors de « parasitisme de couvée ».

Mais qu’est-ce que c’est ce parasitime?

Lors de la saison de reproduction (au printemps sous nos latitudes), le coucou va pondre dans le nid d’un oiseau d’une autre espèce. Cette autre espèce va couver tous les oeufs de son nid sans se rendre compte qu’ils ne sont pas tous à elle, elle va même les nourrir jusqu’à ce qu’ils soient capables de quitter le nid. Hop, ni vu ni connu, le coucou a ainsi pu faire des petits sans dépenser trop d’énergie.

Mais comment s’y prend-il pour tromper à ce point un autre oiseau ?

Au cours de l’évolution (à ce sujet, lire nos précédents articles https://kidiscience.cafe-sciences.org/articles/levolution-visible-en-direct/ et https://kidiscience.cafe-sciences.org/articles/la-theorie-de-levolution-en-bd-partie-2/), le coucou a développé cette stratégie incroyable car il a été capable de mettre au point des astuces et stratagèmes quasiment infaillibles ! Les voici :

  1. La femelle coucou va pondre au même moment que la femelle parasitée. Comment fait-elle ? elle va attendre patiemment, la surveiller de loin, puis aller vite pondre son œuf quand celle-ci quittera le nid pour aller se nourrir par exemple. 
  2. Quand elle arrive dans le nid, elle commence par enlever un œuf (en général elle le mange), ainsi le nombre d’œuf restera identique, c’est plus discret.
  3. Ensuite, elle pond un œuf le plus ressemblant à celui de l’espèce qu’elle parasite (elle sait même adapter un peu la couleur, la taille, les motifs). 
  4. Les coucous parasitent des nids d’oiseaux de petite taille (les oiseaux de la famille des passereaux sont les plus parasités, rouge-gorges, bergeronettes etc.). La mère coucou sait ainsi que son petit sera le plus gros du nid et qu’il aura toutes les chances de survivre. 
  5. Les femelles coucou choisissent de pondre dans le nid de l’espèce par laquelle elles ont elles-mêmes été élevées. Si elles sont nées dans un nid de rousserolles, elles pondront chez des rousserolles. Chaque femelle va ainsi devenir spécialiste pour parasiter le nid d’une seule espèce, qu’elle connaît bien.
  6. La femelle coucou a développé une capacité à pondre très rapidement, quelques secondes suffisent pour y déposer son œuf (elle en dépose un seul), alors que la plupart des oiseaux ont besoin de plusieurs minutes. 
  7. Elle va ensuite chercher un autre nid à parasiter, toujours celui de la même espèce bien sûr. Grâce à cette stratégie et vu qu’elle ne dépensera pas d’énergie pour élever ses petits par la suite, la femelle coucou va ainsi pouvoir pondre entre 8 et 25 œufs à chaque saison !

L’œuf du coucou est ainsi couvé par la femelle parasitée.

Que se passe-t-il ensuite ?

Il y a donc dans ce nid un œuf de coucou et des œufs de l’autre espèce. La mère de l’espèce parasitée couve donc les œufs et les garde au chaud jusqu’à ce qu’ils éclosent. Et là encore, de multiples stratagèmes du petit coucou vont être mis en œuvre !

  1. L’œuf du coucou se développe très vite, plus vite que celui de l’espèce parasitée. Et donc, le coucou va sortir de son œuf le premier (généralement 1 à 2 jours avant les autres). Cela va lui donner un avantage puisqu’il va manger avant les autres et donc grossir avant eux. Quand les autres oisillons du nid vont naître, le petit coucou a souvent déjà une taille supérieure.
  2. Encore plus incroyable, le petit coucou va se débarrasser des autres petits avec lesquels il partage le nid. Il s’agit d’un réflexe que l’on appelle « réflexe de poussée » qui fait que, dès que le petit coucou sent que quelque chose lui appuie sur le dos, il va la coincer entre ses ailes et reculer, escalader le bord du nid en marche arrière jusqu’à ce qu’il ne sente plus cette gêne sur son dos. Il agit ainsi avec les œufs et même avec les petits oisillons qui se retrouvent donc par terre. Ce réflexe apparaît très tôt, seulement quelques heures après la naissance du coucou. Ce réflexe n’existe pas chez toutes les espèces de coucous parasites, et donc, souvent le coucou partage le nid avec les autres oisillons.
  3. Le petit coucou grandit très vite, il mange beaucoup, et surtout beaucoup plus que les autres oisillons ce qui donne beaucoup de travail à ses parents adoptifs. Il est tellement vorace qu’il mange souvent toute la nourriture que les parents apportent sans même en laisser aux autres oisillons du nid, qui vont vite dépérir et parfois même mourir de faim. Le coucou est tellement imposant que parfois même il écrase les autres petits.
  4. Autres astuces : le coucou a une gorge de couleur très vive (rouge) ce qui déclenche chez les oiseaux adultes une envie très forte de les nourrir. Il semble même que des oiseaux qui, en passant, voient cette gorge rouge ne peuvent pas s’empêcher d’aller le nourrir.
  5. Dernier stratagème : pour encore mieux tromper ses parents adoptifs, le coucou est capable d’imiter leur chant, il émet un cri très fort et très strident, ce qui stimule encore plus les parents à le nourrir, et lui permet de grossir encore plus vite. 

Mais… il y a quand même un Mais, on ne peut quand même pas tout avoir !

Il peut arriver que la femelle coucou ne ponde pas dans le nid d’une espèce appropriée, ce qui met en danger le petit coucou. Par exemple, si elle pond son œuf chez une espèce qui n’est pas carnivore et qui ne va donc pas apporter au coucou les aliments dont il a besoin, il ne va pas grandir (il a besoin de vers de terre, de chenilles etc.). Il peut aussi arriver que la femelle coucou ponde dans le nid d’une espèce de taille trop petite. Dans ce cas, le coucou peut devenir vraiment trop envahissant et trop pénible pour la mère qui peut alors abandonner le nid.

Au fil du temps, cette stratégie s’est perfectionnée. Et elle fonctionne bien, puisqu’il y a toujours des coucous ! Et elle ne nuit pas vraiment aux espèces d’oiseaux hôtes puisqu’elles existent toujours aussi.

Pour finir, sache que ce comportement assez étonnant a aussi été observé chez d’autres espèces d’animaux (poissons, insectes etc.).

 

Texte : Valentine Bouet

Dessins : Elsa Bouet

Photo du coucou :  https://pixabay.com

Ressources utilisées : 

  • « Savais-tu » – numéro 59 « Les coucous » Alain M. Bergeron (Auteur) Michel Quintin (Auteur) Sampar (Illustration) Tome 59 Paru le 28 mai 2014 Editeur Michel Quintin Eds.

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