Les trésors de l’ambre

L’ambre, belle matière couleur de miel, dure et lumineuse, ressemble à une pierre précieuse. Pourtant il n’en est pas.

Il est le résultat de la fossilisation de résines végétales produites il y a longtemps (plusieurs millions d’années) par des gymnospermes, le groupe d’arbres auquel appartiennent nos sapins actuels (que l’on appelle encore, à juste titre, les résineux).

Strychnos electri, prisonnière de l’ambre a été trouvée par le chercheur américain George Poinar en République Dominicaine en 1986, et nommée par la botaniste Lena Struwe en 2015. Copyright: George Poinar
Un insecte englué dans la résine. Copyright : André Karwath (Aka)

Une fois durcie et transformée en ambre, la résine se conserve et parvient jusqu’à nous.
Elle peut avoir englué des organismes vivants lorsqu’elle s’est écoulée hors de l’arbre. On les retrouve préservés dans l’ambre une fois celui-ci formé. Ce sont le plus souvent des insectes ou des fragments de plantes (un pétale, une étamine..).

Les échantillons de plus grande taille sont eux beaucoup plus rares. Les scientifiques en trouvent parfois et les étudient finement. Ils sont riches d’informations sur la faune et la flore du passé. Les images que vous voyez ici en sont deux exemples particulièrement beaux, une fleur et un oiseau.

Une fleur venue de loin

La fleur Strychnos electri vient seulement d’être identifiée. Elle est pourtant vieille de plusieurs millions d’années et a été isolée dans un ambre datant du milieu de l’ère tertiaire (entre 20 à 40 millions d’années) et récoltée en 1986 en République Dominicaine. Elle est donc restée dans les tiroirs du laboratoire pendant plus de 30 ans avant d’être observée finement par les chercheurs.
La très grande qualité de sa conservation et la présence de toutes les pièces de la fleur (pétales, sépales, étamines, pistil) ont permis d’en faire l’analyse avant de lui donner un nom. Les botanistes l’ont associé au genre
Strychnos qui regroupe un peu moins de 200 arbustes, lianes ou buissons parmi lesquels figure la célèbre Strychnos nux-vomica dont les graines, très toxiques, contiennent la strychnine. L’espèce en question est maintenant disparue. Elle a été baptisée Strychnos electri, du nom grec de l’ambre, élektron. Comme les autres membres du genre, elle appartient au groupe des Astéridées, une des lignées végétales les plus représentées : avec 80 000 espèces, elles comptent pour un tiers des plantes à fleur.

À tire d’ailes
Une autre très belle image a alimenté les informations scientifiques l’année dernière. Elle est issue d’un article scientifique rapportant la découverte de fossiles de deux ailes d’oiseaux dans un échantillon d’ambre trouvé au Nord Est de la Birmanie et daté du milieu du Crétacé (il y a 99 millions d’années). L’image est belle.

Un des deux échantillons fossiles dévoilant la face inférieure pâle de l’aile et les plumes plus sombres de sa face supérieure. Copyright : R.C. McKellar/ Royal Saskatchewan Museum Lida Xing/ http://www.paleodexu.com/

Cela suffit à nous réjouir. Mais les scientifiques qui étudient les fossiles de l’ambre birman y trouvent bien d’autres sources de satisfaction…
Le spécimen  offre à l’étude des os, des plumes et même de la peau. C’est exceptionnel !  Il est difficile de connaître
la structure des plumages des oiseaux préhistoriques. Les fossiles que l’on trouve habituellement, le plus souvent des empreintes dans la roche, manquent de finesse de détails et ne donnent aucune trace des couleurs. Quant à la plupart des fossiles de vertébrés précédemment trouvés dans l’ambre,  ils étaient souvent isolés de l’animal lui-même (une plume isolée pour les oiseaux par exemple).

Cet échantillon a donc de remarquable qu’il a permis aux scientifiques d’étudier l’ostéologie (l’étude de la structure des os), le plumage et l’insertion des plumes sur la peau et de les comparer avec les oiseaux actuels.

La petite taille et la structure du squelette des deux échantillons trouvés dans l’ambre suggèrent qu’ils sont les ailes fossiles de deux oisillons. L’étude de ces petits fossiles pourra permettre de comprendre comment les oiseaux ont évolué à partir de leurs ancêtres dinosaures (souviens d’un de nos anciens articles à ce sujet).

Des plumes observées au microscope. Copyright : R.C. McKellar/ Royal Saskatchewan Museum Lida Xing/ http://www.paleodexu.com/

Ces deux échantillons sont particulièrement remarquables. Il en existe de nombreux autres. Les ambres birmanes ont fourni ces dernières années de très beaux échantillons de lézards ou d’insectes (fourmis, termites). Ils sont des trésors qui livrent peu à peu leur secret.

Références :
An asterid flower from neotropical mid-Tertiary amber. George O. Poinar jr et Lena Struwe. Nature Plants, 15 février 2016.
Mummified precocial bird wings in mid-Cretaceous Burmese amber. Lida Xing, Nature Communications, 28 June 2016

Auteur : Laurence Denis du blog Ricochet

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