On marche sur la tête avec les céphalopodes !

Les céphalopodes sont des animaux marins fascinants. Alors cette semaine, on a décidé de te les présenter !

Déjà, leur nom est plutôt amusant.
Céphalo ça vient d’un mot grec (kephale) qui veut dire tête (on trouve ce mot dans encéphalogramme, encéphale etc..), mais aussi du mot Pode qui veut dire pied, tu comprends maintenant le titre de notre article.
Il existe d’autres noms de classes d’animaux qui sont construits de cette façon : les gastéropodes (la famille des escargots, qui marchent sur leur ventre puisque
gastero veut dire ventre en grec), ou encore les myriapodes (la famille des mille-pattes puisque myria ça veut dire 10 000 en grec).

Pas de squelette
Ensuite, les céphalopodes font partie de l’embranchement des mollusques, ça veut dire qu’ils sont mous (cette fois du latin mollis) car ils n’ont pas de squelette interne, tout comme les escargots, les moules ou les huîtres par exemple qui sont aussi des mollusques.
La classe des céphalopodes comprend les pieuvres, les calmars, les seiches et les nautiles.

Où sont-ils répartis ?
Ils se répartissent dans quasiment toutes les mers du globe. Les pieuvres préfèrent rester au fond, les seiches aussi mais sont de très bonnes nageuses puisque certaines espèces migrent avec les saisons, les calmars sont plutôt en pleine eau et sont aussi de très bons nageurs.

Des pieds sacrément utiles
Ces animaux sont drôlement bien équipés puisqu’ils possèdent pas mal de pieds (les fameux Podes) : 8 pour les pieuvres (qu’on appelle aussi bras) et 10 pour les seiches et les calmars (qu’on appelle aussi bras et tentacules), et beaucoup plus pour les nautiles. Ces bras sont munis de ventouses qui leur permettent de toucher, de goûter et même d’attraper des objets. Les poulpes se cachent parfois dans des trous en tenant des cailloux devant eux pour bien se cacher, parfois ils transportent des noix de coco pour se cacher à l’intérieur.

Mais comment font-ils pour voir et se cacher ?

Ils possèdent aussi des yeux qui sont non seulement jolis mais aussi très performants. Ils ont une très bonne vue même dans des eaux troubles.
Ils sont aussi les rois du camouflage car ils possèdent dans leur peau des cellules appelées chromatophores qui contiennent des pigments permettant de changer la couleur de leur peau.
 Ils utilisent ces changements de couleur pour plusieurs raisons : pour communiquer mais aussi pour se cacher et éviter de se faire manger (ils peuvent prendre la couleur du sable, mais aussi la couleur des plantes ou des rochers et même faire apparaître des dessins ou du relief et peuvent même imiter le reflet des vagues).

Sur cette photo, on voit un mâle (à gauche) courtiser une femelle (à droite) en arborant ses plus vives couleurs.

Sur les photos ci-dessous, on voit à gauche une petite seiche qui, lorsqu’elle est posée sur un fond quadrillée essaie d’imiter au mieux ces carrés (on appelle cela un pattern disruptif). A droite, lorsqu’elle est posée sur un fond gris uniforme, elle imite une couleur uniforme grise.

Leur intelligence

Ces animaux ont un système nerveux complexe, qui, contrairement aux autres mollusques, est bien rassemblé et forme un véritable cerveau. Ce cerveau qui est placé dans la tête entre les yeux est traversé par le tube digestif. Mais est-il performant pour des tâches complexes ?

Il y a peu d’équipes dans le monde qui travaillent sur ces animaux donc les connaissances progressent doucement, mais on sait déjà qu’ils sont dotés d’une intelligence très développée, qu’ils ont une mémoire performante et qu’ils sont même capables de se souvenir d’événements appris pendant leur tendre enfance ! Ceci a été montré notamment chez la seiche par un laboratoire français qui se trouve en Normandie à Caen*.

Que sait-on de la maternité et des petits ?

Les seiches font partie des animaux qui ne reçoivent pas de soins de leurs parents après la naissance. En effet, la mère pond des œufs sous forme de grappes puis meurt peu après la ponte.
On peut voir sur la photo de gauche ci-dessous des œufs de seiche (rendus opaque par la mère avec de l’encre) et des bébés qui sont sortis de leur œuf.
A droite, on voit un bébé dans son œuf.

Les petits ressemblent en tout point à un animal adulte et doivent très vite être capables de trouver à manger et de se cacher pour ne pas se faire manger. Les chercheurs ont montré que, déjà, dans l’œuf les petits commencent à collecter des informations sur l’environnement qui les entourent. Dès la naissance, ils savent capturer des proies à la manière des adultes.

Mais alors, que mangent-il?

Les céphalopodes sont carnivores et mangent essentiellement des crustacés et des poissons. Ce n’est pas simple pour un animal « mou » d’attraper un animal « dur » ! Les seiches ont ainsi plusieurs techniques de capture, par exemple, pour attraper des petits poissons ou petites crevettes, elles lancent leurs tentacules un peu comme les caméléons avec leur langue. Pour attraper un crabe, elles se mettent derrière lui, l’attrapent en le « coiffant » avec leurs bras pour l’immobiliser, puis ensuite leur percent un trou avec leur bec de perroquet par lequel elles injectent un poison mortel.

Références :

Evidence of episodic-like memory in cuttlefish. Jozet-Alves, Bertin, Clayton. Current Biology, 2013, 23:1033-5.

Cuttlefish. Darmaillacq, Osorio. Current Biology, 2017, 27:1093-5.

* Equipe NEEC Neuro-éthologie cognitive des céphalopodes (Laboratoire ETHOS, UMR6552), Université de Caen Normandie/Université de Rennes/CNRS. Merci à toute l’équipe pour les photos.

Auteur : Valentine Bouet de l’Université de Caen

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