Le toucher c’est important pour grandir

Le toucher, c’est quoi ?

Faire un câlin, prendre dans la main, sentir le poids des objets, percevoir les textures… Tout cela se fait grâce au toucher ! Le toucher est l’un des cinq sens que nous possédons avec le goût, l’odorat, la vue et l’ouïe. Il nous permet d’explorer le monde avec la peau présente sur toute la surface du corps.

Dans la peau, nous avons des milliers de récepteurs qui nous permettent de savoir ce qu’on touche même les yeux fermés ! Nous avons des récepteurs sensibles à l’étirement qui nous permettent de faire la différence entre les objets lisses et les objets rugueux, des récepteurs sensibles à la température utiles pour percevoir si un objet est chaud ou froid et des récepteurs sensibles à la pression qui permettent de savoir si un objet est lourd ou léger. C’est vrai que quand on pense au toucher, on pense aux mains généralement, mais le sens du toucher dépend des récepteurs sensoriels qui sont situés sur l’ensemble de notre peau. La quantité de ces récepteurs varie en fonction des zones de notre corps. Par exemple, ils sont assez peu nombreux dans des zones peu sensibles comme le dos. En revanche, ils sont très nombreux et rapprochés dans des régions du corps plus petites et très sensibles comme les doigts, la langue ou encore les lèvres. C’est pourquoi tu peux sentir un grain de sable sur tes doigts mais que c’est beaucoup plus difficile de le sentir sur ton dos !

En fait, si on ressemblait physiquement à la répartition de ces récepteurs sensoriels sur la peau, on ressemblerait à cela :


Ce drôle de personnage dont on croirait que la lèvre a été piquée par une guêpe s’appelle l’Homonculus sensoriel et représente les zones sensorielles humaines.

Les supers pouvoirs du toucher

Connais-tu les supers pouvoirs du toucher ? Sais-tu qu’il est le seul sens vital pour nous, être humain ? Si, si, je t’assure, regarde : tu peux vivre sans entendre, sans voir, sans odorat ou encore sans goût, bon cela serait handicapant, je te l’accorde. Mais tu ne peux pas vivre sans le sens du toucher. Pourquoi ? Car il est partout !

Si on utilise les termes scientifiques exacts, on  parle du système somatosensoriel. Ce système sous-tend en fait une large gamme de stimulations possibles. On peut le diviser en quatre systèmes fonctionnellement distincts : la perception tactile (c’est-à-dire la capacité de notre cerveau à comprendre, percevoir, les informations qui lui proviennent de la peau), la proprioception (c’est-à-dire la la capacité de repérer son propre corps dans l’espace), la nociception (c’est-à-dire la capacité à repérer un danger et à mettre en place une défense ou une alarme, dans le cadre d’un évènement douloureux, comme une coupure par exemple lien article Ouille ouille ouille), et enfin la thermoception (la perception de la chaleur et du froid par la peau). Tu l’as donc compris, le système somatosensoriel est essentiel :  il sert à la fois à sentir notre environnement, à interagir avec lui, mais il a aussi le pouvoir et le rôle de nous prévenir du danger.

Quand tu tombes de ton skate et que tu te blesses, c’est lui qui joue le messager pour transmettre la douleur à ton cerveau. Quand tu passes ton bras un peu trop près de la bougie allumée ou de la casserole chaude sur la gazinière, c’est encore lui qui intervient. Quand tu partages un câlin, une poignée de main, c’est encore lui. Quand ta chaussette plissée sous l’orteil te gêne ou que l’étiquette de ton pull te gratte c’est encore lui ! Il est partout je te dis.

En fonction des situations, on va distinguer le toucher dit « passif » du toucher « actif » aussi appelé « haptique ». La perception tactile passive renvoie à la stimulation d’une partie de la peau alors que la surface corporelle n’est pas impliquée dans une action d’exploration. Elle permet de recevoir l’information sur son environnement tactile en continu à travers la peau. Le toucher actif au contraire implique une exploration volontaire. C’est la recherche d’information en touchant, comme par exemple lorsqu’on prend un objet dans sa main pour comprendre sa forme ou sa texture. Cela implique donc aussi les muscles et les articulations. Le cerveau doit alors prendre en compte toutes les informations, tactiles, motrices et proprioceptives en même temps.

Toucher pour interagir et grandir

Lorsqu’on s’intéresse au développement des sens, on se rend compte que chez tous les bébés, c’est le toucher qui se développe en premier ! Dès le 2ème mois de grossesse, des récepteurs du toucher sont présents sur les lèvres, les mains, les pieds et le visage du fœtus. C’est d’ailleurs les endroits où nous en avons le plus lorsque nous sommes adultes. Ensuite, tout au long de la grossesse, le bébé va expérimenter le toucher de différentes manières : il peut toucher son cordon ombilical, le liquide amniotique, sa propre peau, ou même sentir sa maman qui passe sa main sur son ventre.

Dès le 5ème mois de la grossesse, le bébé est même capable de suivre le mouvement de la main de sa maman sur son ventre avec sa propre main. Le bébé apprend alors d’abord avec le toucher, puis les autres sens se développent au fur et à mesure.

A la naissance, le toucher est l’un des moyens de communication le plus important entre le bébé et ses parents. Ils vont pouvoir se faire des caresses, des câlins, du peau à peau, des bisous. Tous ces contacts favorisent le bon développement de l’enfant. Chez les très jeunes enfants, il permet de développer une sécurité affective, que l’on appelle l’attachement avec son donneur de soins quotidiens, tes parents par exemple (nous en avions parlé dans un article sur l’ocytocine). La recherche de proximité avec une personne familière permet de se construire une base de sécurité lors de situations plus dangereuses ou stressantes. Les recherches menées en psychologie dans les orphelinats après la seconde guerre mondiale ont montré les effets délétères de la privation de contacts tactiles. Ces enfants, accueillis en institutions et privés de soins affectifs, ont montré des signes alarmants, un état dépressif dit d’« hospitalisme » pouvant conduire jusqu’à la mort. Le toucher est donc vital pour la perception du monde qui nous entoure mais aussi pour nos échanges avec nos proches et toutes les personnes que l’on rencontre.

On ne peut pas toucher sans être touché !

Tu l’auras compris, le toucher est impliqué dans nos relations aux autres. Mais toucher quelqu’un implique en retour pour la personne d’être touchée. Il est donc important à tous les âges de la vie, de garder cela en tête et de se demander si un câlin est réciproque et consenti, si l’autre personne veut aussi un câlin. Que tu prennes ton petit frère ou ta petite sœur dans les bras et qu’il se mette à pleurer ou que ton petit copain ou ta petite amie te dise non, il faut faire attention à ces signes qui laissent penser que l’envie de partager un câlin n’est pas réciproque. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’y a pas d’affection, ce n’est juste pas le bon moment.

Autrices : Victoria Dumont, Marie Anquetil, Anne-Lise Marais, Nadège Roche-Labarbe, Laboratoire COMETE, Université de Caen Normandie

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