Lutte contre le réchauffement : quelles solutions (3/3)
Tu te souviens que nous avions consacré tout un dossier au réchauffement climatique ? Nous avions également présenté quelques unes des solutions qui pourraient permettre d’améliorer la situation.
Aujourd’hui, nous allons parler du rôle de la conception des bâtiments, et notamment le fait de les recouvrir en façade ou sur la toiture de végétaux pour mieux résister aux effets du réchauffement.
Les toits végétalisés sont apparus en Allemagne dans les années 70 : le but était surtout de protéger les toits des effets destructeurs des rayons solaires. Depuis une petite vingtaine d’années, le phénomène en milieu urbain s’amplifie un peu partout dans le monde et on y trouve de sacrés avantages !
Quelles plantes ?
Sur les toits, pas facile de faire pousser quelque chose : les plantes doivent supporter des températures élevées (et le dessèchement qui en découle), une lumière intense, et des vents forts !
Les espèces qui s’adaptent bien à ces conditions sont plutôt de faible hauteur et forment des tapis ou se caractérisent par une croissance compacte et ramifiée. De feuillage toujours vert et robuste, ces plantes possèdent généralement des feuilles succulentes (c’est-à-dire avec des réserves pour résister aux périodes de sécheresse) ou une bonne capacité de stockage de l’eau.
Les Sedum répondent à l’ensemble de ces critères : plusieurs espèces de ce groupe sont donc couramment utilisées pour les toits végétalisés. En voici un exemple.
Lutte contre la pollution de l’air
La pollution en zone urbaine est assez préoccupante. Elle vient surtout de la forte présence de véhicules qui produisent des particules fines, et d’autres polluants gazeux.
Sais-tu que les toits végétalisés pourraient jouer un rôle significatif dans la lutte contre cette pollution ? Comment ? En piégeant les particules (qui s’y déposent via la circulation d’air) et en absorbant des gaz indésirables. Mais la question reste néanmoins posée car la limitation de la pollution est plutôt réservée à la végétation de grande taille (arbres) : pour des tapis de sedums, les études restent à faire.
Quant à la séquestration du CO2 par les toits végétalisés, elle reste très limitée avec ce type de plantes. Néanmoins leur rôle dans la réduction des gaz à effet de serre est réel et est lié à leur impact sur la consommation énergétique des bâtiments.
L’effet sur la consommation d’énergie
On peut s’en douter, les toits ou façades végétalisées ont un effet isolant.
En été par exemple, la consommation d’énergie pour la climatisation est plus faible. Une étude a par exemple montré une réduction de 6 % des besoins en climatisation d’un logement collectif en Espagne. Certains ouvrages avancent le chiffre de 30% !
Lors d’hivers froids, les besoins en chauffage sont réduits aussi surtout lorsque ce sont des plantations uniformes ou des combinaisons de plantes à feuilles persistantes qui forment des tapis pouvant emprisonner des poches d’air.
Dans tous les cas, on peut souligner que ce type d’isolation permet de mieux réguler les fluctuations de températures.
Les effets sur les températures urbaines
Les températures en ville sont plus élevées que dans la campagne environnante. Ceci s’explique par :
– l’effet d’écran dû à la forte présence de bâtiments qui gêne la bonne circulation d’air : la chaleur emmagasinée est mal évacuée,
– la forte absorption de rayonnement solaire par les bétons, les toitures (nues) et les routes,
– la faible couverture végétale qui diminue la zone d’ombrage.
Par temps chaud, les toits végétalisés offrent de sacrés atouts. Ils tendent à augmenter le pouvoir réfléchissant des toits : le rayonnement solaire est beaucoup mieux réfléchi donc l’absorption est moindre. L’effet d’ombrage explique également l’effet isolant.
De plus, avec de la terre suffisamment humide, on assiste au phénomène d’évapotranspiration : c’est la combinaison de la transpiration des végétaux et de l’évaporation du sol. Cela rafraîchit pas mal et c’est bien appréciable en été.
Quelques mots sur l’installation
En règle générale, plusieurs couches superposées composent un toit végétalisé :
– du sol pour la croissance des végétaux (on parle aussi de substrat),
– une couche filtrante,
– une couche drainante constituée de matériaux granuleux (graviers, fragments de pierre, schistes, billes d’argiles),
– une membrane d’étanchéité (pour rendre le toit « étanche »).
Evidemment la structure du toit doit être bien calculée pour supporter le poids de toutes ces couches.
Référence :
Saiz, S., et al., « Comparative life cycle assessment of standard and green roofs », Environmental Science and Technology, 40(13), 2006
Auteur : Pascale BAUGE du blog Le Monde et Nous
Illustrations : Alexia Schroeder : son site
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