Vous aimez les patates ?
Comment ça ? Tu n’as pas la patate aujourd’hui ? Bon, ça tombe bien, on va faire le point sur la pomme de terre, une culture importante en France.
Qu’est-ce que la pomme de terre ?
La pomme de terre, originaire des Andes, est un tubercule, c’est-à-dire l’organe de réserve souterrain de la plante qui permet à la fois d’assurer :
– la survie de la plante : c’est une réserve d’amidon pour l’hiver ou la sécheresse,
– la multiplication végétative (la plante se reproduit sans croisement : sa tige ou ses racines s’allongent, gagnent du terrain et bourgeonnent).
La plante porte le nom de Solanum tuberosum de la famille des solanacées (comme la tomate, aubergine et piment).
Le tubercule, c’est à dire, la pomme de terre que tu vas déguster se forme à la suite de la modification des tiges souterraines et ce, juste à la base des tiges aériennes. On en trouve de différentes formes selon la variété.
En plus de sa reproduction végétative, la plante est aussi capable de passer par la voie sexuée : elle donne de jolies fleurs blanches. Il en résulte, par autopollinisation, l’apparition de fruits tout ronds (des baies) comme des petites tomates, qui ne sont pas comestibles car chargés de poisons.
Les membres de la famille des solanacées contiennent effectivement une quantité toxique de solanine. Mais rassurons-nous, le tubercule que nous apprécions tant, n’en contient pas… sauf les germes ET les fameuses tâches vertes qui apparaissent parfois … car disons-le tout court : les pommes de terre produisent naturellement cette toxine, la solanine. C’est un mécanisme de défense contre insectes et herbivores.
La solanine apparaît dans le tubercule en cas de stress lorsqu’il est soumis à la lumière ce qui peut se produire lorsque la pomme de terre en cours de développement n’est pas couverte pas la terre (la butte n’est pas suffisamment haute) ou en cas de problème lors du stockage (mauvaise ventilation).
Alors que se passe-t-il exactement ? Au niveau de la peau, la lumière active des processus conduisant à l’apparition de chlorophylle (d’où la tache verte) : en soit celle-ci n’est pas dangereuse. Mais parallèlement à la production de chlorophylle, d’autres mécanismes de défense se sont mis en place avec comme résultat la fabrication de solanine.
Ingérée par l’homme, cette toxine peut amener diarrhées et vomissements, mais tout dépend de la quantité. Et d’ailleurs le goût de la pomme de terre est altéré ce qui limite la consommation.
Les contraintes et les outils de l’agriculture
Détaillons un peu les différentes étapes de la culture de ces pommes de terre.
Tout démarre en décembre de l’année précédente où un labour particulier permet d’ameublir grossièrement le sol en profondeur et favorise également la restructuration du sol par le gel hivernal (l’action du gel émiette le sol).
Au printemps suivant, une machine qui combine la reprise de terre et le billonnage* permet d’ameublir en profondeur (une terre fine favorise le développement régulier des tubercules).
*Le billonnage, comme son nom l’indique, permet de mettre la terre sous forme de petits mottes en bandes séparées par des sillons.
Vient ensuite la plantation entre fin mars et fin avril : le moment idéal est un compromis à trouver entre une date suffisamment précoce pour assurer le développement mais assez tardive pour un réchauffement du sol favorisant la levée rapide des plants.
La période autour de juin est importante car la pousse est très active : la tubérisation bat son plein (surtout si cette période combine chaleur et humidité).
En juillet, les plants sont en fleurs : l’exploitant surveille la bonne santé des plans et la croissance des tubercules (prélèvements réguliers). La surveillance consiste par exemple à repérer les attaques des nuisibles (virus ou bactéries) et à enlever les pieds dégénérés à cause d’un virus transporté par les pucerons.
Nous sommes au mois d’août, les surveillances régulièrement se poursuivent. A partir de la fin du mois, il faut penser à la récolte.
La fin de la culture, la récolte et le stockage
La date de la récolte est évidemment conditionnée par la formation complète selon le calibre cible. Pour vérifier, l’agriculteur procède régulièrement à un échantillonnage régulier et compare par rapport à des calibres de poche, comportant différentes mailles carrées.
Lorsque la taille est correcte, il faut stopper le développement assez rapidement. Sur l’espace de quelques jours, il faut procéder au défanage qui consiste à détruire les tiges et les feuilles : les tubercules stoppent alors leur croissance.
Deux options sont possibles, selon la météo :
– le défanage mécanique, avec une machine qui broie les tiges (possible uniquement par temps sec),
– le défanage chimique où l’ajout d’un défanant provoque le dessèchement des tiges (par temps humide).
Le défanage permet aussi de faciliter la récolte par l’arracheuse, cette étape qui va suivre dans les 2 à 3 semaines. Ce délai de quelques semaines en sol permet à la peau de la pomme de terre de gagner en maturité ce qui réduira les risques d’endommagement lors de l’arrachage.
Le choix de la date d’arrachage est fixé par les conditions météo de façon à ce que la terre soit suffisamment souple, ni trop sèche, ni trop humide (sinon la séparation terre/tubercule se fait mal).
En général, la récolte des pommes de terre à plants se situe début septembre. Pour les pommes de terre de consommation, la récolte arrive un peu plus tard (vers le 15-20 septembre).
La conduite de la machine (arracheuse) doit respecter un certain nombre de précautions afin :
– d’assurer une récolte la plus complète possible,
– d’éviter d’endommager les tubercules.
Pour satisfaire ces deux contraintes, d’une part le soc passe entièrement sous la motte de terre et emmène tous les tubercules et d’autre part, il faut respecter une certaine vitesse d’avancée de la machine en bonne coordination avec la vitesse de rotation des chaînes de récolte.
Pour éviter d’endommager les pommes de terre, toutes les zones de chute comportent des protections d’amortissement et les hauteurs de chute sont contrôlées (<1 m). Une petite vidéo pour terminer … filmé par Drone.
Après la récolte, le stockage à température (4°C) et ventilation (pour sécher) contrôlées avant la vente sont nécessaires pour empêcher la dégradation des tubercules.
Auteur : Pascale Baugé. Article original et plus complet sur Le Monde et Nous.
Laisser un commentaire