Gypaète barbu, prince des falaises alpines

C’est l’histoire du plus grand oiseau des Alpes, un vautour qui peut atteindre 3 mètres d’envergure d’une aile à l’autre.
Après avoir été exterminé par les humains, il a été réintroduit dans son milieu naturel avec succès : le Gypaète, un oiseau sauvage sauvé. C’est l’histoire de la cohabitation pas toujours facile entre l’homme et la nature.

Crédit: Mél.

 

Le vautour mangeur d’os

Son oeil jaune est entouré de rouge. Il aime à vivre près des falaises, c’est là qu’il niche. C’est aussi grâce aux rochers qu’il réussit à casser les os. En effet cet oiseau se nourrit d’os d’animaux déjà morts qu’il est capable de digérer. Pour les mettre en morceaux de taille raisonnable, il les emporte haut dans le ciel et les laisse tomber sur des pierriers, des étendues rocheuses que l’on trouve en montagne.

Crédit: http://rapaces.lpo.fr/gypaete-grands-causses/le-gypaete-barbu

 

On le voit parfois avec de la boue rouge dégoulinante sur son poitrail. Il se colore, en prenant des bains dans des eaux ferrugineuses, riches en fer,  pour montrer qu’il est maître de ce territoire. Cela a suffi pour le croire ami du diable et tueur d’enfants. Chassé, empoisonné, tué avant même d’avoir éclos, le gypaète était en voie d’extinction au début du siècle. Pourtant, en mangeant des os, il nettoie la nature, évite la propagation de certaines maladies et la contamination des eaux.

Crédit: Mél

 

Dans les années 70, des conservateurs et des spécialistes des oiseaux se sont battus pour mettre en place un important projet de réintroduction de cet oiseau mythique et important. D’Autriche en France, en passant par l’Italie et la Suisse, un réseau s’est peu à peu mis en place.

 

Un réseau alpin, mais pas que.

 

Une première tentative, dans les années 70,  consiste à élever les oiseaux en captivité en Haute-Savoie. Seul un individu pourra être relaché, les autres ne survivront pas. C’est en 1978, en Autriche, qu’une reproduction a lieu pour la première fois en captivité. Une nouvelle technique est alors testée : ne relâcher que les jeunes nés en captivité. Cela fonctionne mieux et un programme international de réintroduction voit le jour, soutenu par des associations et des institutions de conservation et de protection de la nature.

Les premiers Gypaètes sont libérés en 1986 en Autriche dans la vallée de Rauris. L’année suivante, un deuxième site de réintroduction est mis en place en Haute-Savoie. En 1991, c’est au tour de la Suisse de procéder au troisième lâcher, dans le seul parc national à l’Est de la Suisse. De 1993 à 2000, trois autres sites ouvriront, dans les Alpes Maritimes avec le parc du Mercantour au Sud-Est de la France, chez son voisin italien le parc national Alpi Marittime, et dans un autre parc italien alpin, le Stelvio.

Les quatres premiers sites de réintroduction du gypaète

 

Puis, depuis 2010, un site est choisi dans le parc régional du Vercors pour encore élargir le réseau et le connecter à d’autres populations plus lointaines. C’est dans cette optique que d’autres sites voient encore le jour, comme par exemple dans les Cévennes et dans l’Aude pour faire un pont vers le Massif Central et les Pyrénées et finalement le Massif de l’Atlas en Afrique du Nord ou plus à l’Est vers la Russie et le Caucase.

 

Des Gypaètes et des Hommes – Demo 2010 from Mathieu Le Lay on Vimeo.

 

La technique dite au taquet

Un jeune poussin, né en captivité, est à peine âgé de trois mois lorsqu’il est placé dans une cavité naturelle en falaise. Une bague est placée autour de ses pattes, pour pouvoir l’identifier. Avant qu’il n’apprenne à voler, on vient régulièrement s’assurer que tout se passe bien. 

Puis, lorsqu’il atteint les 4 mois, il prend son envol et son autonomie pour découvrir le territoire. Il ne quittera vraiment le site de réintroduction qu’à la fin de l’été pour voyager pendant plusieurs années, au moins six ans. Puis, il s’installera de nouveau en couple, avec un autre gypaète, compagnon de vie. Ces six années avant de pouvoir se reproduire sont autant d’années où le gypaète, s’il meurt ou tombe malade, ne pourra pas assurer de descendance. Cela rend la survie de l’espèce d’autant plus fragile que les individus sont peu nombreux.

Un sauvetage réussi

Plus de 40 ans plus tard, une centaine de gypaètes vivent maintenant dans l’arc alpin et on peut les observer de nouveau lorsqu’on se balade en moyenne ou en haute montagne près des falaises.  

Crédit: Mél

Pourtant les lâchers (de gypaètes, et non pas d’os) et les réintroductions continuent car les effectifs sont encore faibles. De plus, l’équilibre est toujours fragile. Les oiseaux réintroduits ont un patrimoine génétique peu diversifié, ce qui les rend potentiellement sensibles aux mêmes maladies. Le nombre de sites de réintroduction augmente donc pour que des populations lointaines se connectent et ainsi augmenter le mélange et la diversité des oiseaux.

 

Auteure : Emilie, Sense the Science
Illustratrice : Mél.

Merci à Jean Nicolas Pradervand, de la Station Ornithologique Suisse pour sa relecture !

Plus d’infos sur le gypaète : ici  http://www.gypaete-barbu.com

et là http://rapaces.lpo.fr/gypaete-grands-causses/

 

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