Il y a de la vie humaine en Antarctique
Après avoir appris qu’il n’est pas facile d’être plus grand qu’une mouche pour vivre au milieu de l’Antarctique, nous allons en savoir plus sur les êtres humains qui habitent là-bas.
Les êtres humains n’ont a priori pas beaucoup de raisons de vouloir vivre en Antarctique : du vent, du froid, de la glace, beaucoup de vent, beaucoup de froid et la nuit en continu du 11 mai au 1er août. Qui plus est, il y a peu d’êtres vivants pour se nourrir, à part le long des côtes. Alors quels sont les premiers humains à être allés là-bas et pourquoi ?
Les premiers explorateurs n’ont pas eu froid aux yeux
Te souviens-tu ? Le long des côtes, contrairement au centre de l’Antarctique, se trouvent beaucoup de poissons, de manchots et d’oiseaux. Logiquement, les chasseurs de phoques sont les premiers humains à atteindre les îles proches de l’Antarctique. Nous savons que cela se passe au début du 19ème siècle.
Puis, vers la fin du 19ème siècle, suivent les explorateurs, marins et scientifiques. En bateaux, d’abord. Sur terre ensuite.
Et les héros arrivent ! Début 1900, des expéditions réussissent à passer plusieurs mois sur les glaces – dont l’hiver. Toutes ne reviennent pas. Mais c’est lors de ces expéditions que commencent l’exploration scientifique du continent et les premiers relevés botaniques, sismiques, géologiques.
C’est aussi la course au Pôle Sud, atteint en 1911 par un Norvégien, à l’aide de skis et de chiens de traîneaux.
Les chiens de traîneaux sont désormais interdits en Antarctique. Plusieurs traités, accords et actes internationaux protègent les espèces d’origine et interdisent l’exploitation des ressources. En effet, depuis 1959, l’Antarctique est un territoire neutre, sans gouvernement. Et le Protocole de Madrid de 1998 en a fait une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science.
Un laboratoire scientifique de 14 millions de km2
La vie humaine est maintenant quasiment entièrement dévouée à la recherche. Personne n’y habite de façon permanente. Mais plusieurs stations de recherche hébergent, été comme hiver, chercheurs et personnel, souvent pour des missions d’un an.
Véritables centres stratégiques et logistiques de la recherche scientifique internationale, ces bases regroupent glaciologues et océanographes mais aussi biologistes, astronomes et volcanologues. Là-bas, les scientifiques peuvent effectuer des expériences sur l’adaptation au froid des organismes, observer le ciel pendant la nuit polaire, étudier des météorites ou lire le passé. En effet, 40 000 ans de données climatiques sont contenues dans les glaces. Nous en parlerons un peu plus à la fin de l’article.
Parmi les 82 stations de recherche, installées principalement près des côtes, une fait figure d’exception et d’exemple. La station belge Princesse Elisabeth, inaugurée en 2009, est la première alimentée principalement par des sources d’énergie renouvelable (sur la carte des stations, en haut légèrement à droite). Une vingtaine de personnes peuvent y séjourner pendant l’été, de novembre à mars. Panneaux solaires et éoliennes fournissent chaleur et énergie électrique tandis que l’architecture et la conception du bâtiment, en bois recouvert d’isolant, permettent de réduire les besoins en énergie.
Comparée à la plus grande station, l’américaine McMurdo, qui peut accueillir jusqu’à mille personnes, la station belge ressemble à une petite cabane.
Et l’avenir ?
Alors qu’en 1990, 3 000 touristes venaient contempler le continent austral, ils sont maintenant près de 30 000 chaque année. Pourquoi une telle augmentation ?
Est-ce par attirance pour le froid et l’extrême ? Ou pour avoir des choses à raconter à ses amis ?
Quoi qu’il en soit, ce continent et son écosystème, fragile et protégé, devraient rester tranquilles le plus possible. Comme tu t’en doutes, le réchauffement climatique entraîne une fonte des glaces tout au Sud également (https://kidiscience.cafe-sciences.org/articles/limpact-du-rechauffement-sur-la-glace/).
Cette fonte, beaucoup plus faible que celle du Nord, est difficile à mesurer. En effet, les glaces du continent s’écoulent à la surface de la mer. Celle-ci étant plus chaude, elle fait fondre les glaciers par le dessous, et les fragilise aussi de cette façon.
La fonte des glaces posées sur le continent risque d’entraîner une hausse du niveau de la mer de plusieurs mètres. Mais aussi, l’eau qui se réchauffe risque de renforcer le dérèglement climatique sur la Terre entière (oui, car les courant océanographiques et les vents autour de l’Antarctique distribuent la chaleur dans le monde entier).
Pourtant, l’Antarctique reste l’endroit le plus froid de la Terre et qui possède encore des températures relativement stables avec une moyenne à l’intérieur du continent de -57°C. C’est pour cela que des glaciologues ont choisi ce continent pour y conserver des carottes de glace.
Les carottes de glace sont des découpes verticales de la glace par forage. Elles contiennent les couches de neige qui sont tombées, année après année, et ces couches ont emprisonné l’air au moment où elles se sont formées. On peut donc remonter dans le passé lorsqu’on analyse l’air contenu dans les carottes de glace.
Le projet Ice Memory permet de conserver, pour les futures générations, les données climatiques du passé. Pour cela, les chercheurs vont stocker des carottes de glace provenant des glaciers qui sont en train de disparaître aux quatre coins du monde.
L’Antarctique est ainsi un patrimoine mondial, un sanctuaire de glace à l’inestimable valeur.
Auteur Emilie Neveu / Sense the Science
Pour aller plus loin
Une expérience autour de l’eau pour comprendre comment la chaleur est distribuée par les océans.
L’étude (complexe) du mouvement des glaces (lien vers un article de libération)
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