Prix Nobel au féminin : Youyou Tu et le traitement du paludisme

Tu Youyou 5012-1-2015

Depuis 1901, année de sa création, 583 Prix Nobel ont été décernés pour des travaux dans une discipline scientifique. Parmi ceux-ci, seulement 18 ont récompensé une femme (eh oui, il y en a une qui en a reçu deux, tu devines qui ?). Je vais te parler de toutes ces femmes extraordinaires dans les semaines qui viennent. Je commence aujourd’hui par le prix Nobel le plus récent, celui gagné en 2015 par une femme chinoise au joli nom de Youyou Tu. Elle a été récompensée pour ses découvertes concernant une nouvelle thérapie contre le paludisme.

Le paludisme (ou malaria)

Cette maladie, due à plusieurs espèces de parasites appartenant au genre Plasmodium, infecte le sang en détruisant les globules rouges. La conséquence la plus grave est l’anémie, associée à des fièvres intermittentes, qui accompagne le malade tout au long de sa vie et peut entraîner sa mort.

Plasmodium
Plasmodium infectant le sang

Le mot paludisme vient du latin paludis qui signifie « marais » et le mot malaria vient de l’italien mal’aria (mauvaise air). On pensait, en effet, que cette maladie était causée par les mauvaises conditions environnementales des milieux humides marécageux et cela jusqu’à la fin du XIXe siècle. En 1880 un médecin français, Alphonse Laveran, découvrit que c’était un parasite qui provoquait la maladie. En 1902 un médecin anglais, Ronald Ross, prouva que le parasite était transmis par certains types de moustiques (finalement il y avait un rapport avec les marécages, lieux de reproduction des moustiques). Les deux découvertes furent récompensées par deux prix Nobel.

Pourquoi tous ces prix Nobel liés à cette terrible maladie ? Parce qu’elle est très difficile à soigner : elle existe depuis la nuit des temps et cause encore aujourd’hui  environ un million de victimes par an dans le monde.

Le médicament

Au début du XIXe siècle, on luttait contre la maladie en assainissant les marécages et en utilisant des insecticides pour en limiter la diffusion. Plusieurs substances extraites des plantes ont été utilisées, à travers le temps, comme traitement des symptômes : la quinine est la plus connue. A partir des années 1930, les sociétés pharmacologiques ont aussi commencé à produire des médicaments de synthèse (fabriqués par l’homme) antipaludéens. Tous ces remèdes ont eu du succès pour quelques temps mais les parasites et les moustiques, leur vecteurs, ont vite développé une résistance face à ces molécules. Aujourd’hui certains instituts, comme l’institut Pasteur, cherchent à mettre au point un vaccin, sans succès pour l’instant.

Youyou Tu et son équipe chinoise ont travaillé pendant environ 50 ans à la recherche d’une molécule plus efficace. Ce groupe de chercheurs a développé une nouvelle thérapie active sur les formes de paludisme résistantes aux autres traitements : un médicament à base d’artémisinine, extraite d’une plante appelée armoise (Artemisia annua). L’artémisinine a déjà sauvé la vie à de millions de personnes dans le monde et reste le médicament le plus utilisé aujourd’hui.

Artemisia vulgaris (armoise)
L’armoise
Le travail de Youyou Tu
Tu Youyou and Lou Zhicen in 1951
Youyou Tu en 1951

Youyou Tu avait 37 ans quand, en 1967, Mao Zedong lui confia la mission de trouver un nouveau médicament capable d’éradiquer le paludisme. La Chine était frappée par ce fléau et le Nord du Vietnam aussi. Pourquoi elle, une jeune femme ? C’était les années de la guerre du Vietnam : la plupart des chercheurs hommes étaient emprisonnés ou morts. De plus, Youyou avait une double formation : l’une en chimie pharmacologique moderne et l’autre en médecine traditionnelle chinoise. C’était bien vu :  cette double compétence lui a permis d’aboutir dans ses recherches.

Avant l’invention d’insecticides et de médicaments, les populations anciennes avaient cherché un remède aux fièvres intermittentes. Youyou voyagea à travers tout son pays, en interrogeant les médecins pratiquant la médecine traditionnelle. En fin de compte elle trouva une réponse à ses interrogations dans un texte ancien, un manuscrit du IV siècle. L’auteur, l’alchimiste Hong Ge, conseillait l’utilisation de l’armoise.

Texte de Ludmilla du blog Ludmilla Science

Pour aller plus loin

Hélène Merle-Béral 17 femmes Prix Nobel de sciences, Editions Odile Jacob 2016

https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/paludisme

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